BEST-OF 2021 FIA KARTING : OLE HAUGÅRD – ENGINE TUNER
« DANS CE MÉTIER, J’ATTACHE BEAUCOUP D’IMPORTANCE À LA FIDÉLITÉ ET À LA CONFIANCE » ONE ENGINES ENCORE N°1
Avec ses moteurs Vortex, le motoriste danois Ole Haugård (38 ans) a encore contribué au triomphe du pilote Britannique Freddie Slater et du team RFM. Comme il avait pu le faire au Championnat du Monde FIA Karting en 2020, ce trio magique est cette fois devenu Champion d’Europe, tout en passant de peu à côté d’un nouveau titre mondial.
RACONTEZ-NOUS VOTRE PARCOURS DANS LE MILIEU DU KARTING ?
J’ai couru dans les années 90 au Danemark, avec quelques expériences internationales en Junior et Intercontinental A. Rapidement, c’est le côté technique qui m’a le plus intéressé et j’ai participé aux bons résultats obtenus par mon frère Rasmus dans la première partie des années 2000. Lorsqu’il a arrêté, j’ai été amené à collaborer avec des structures comme CRG Holland, Ward Racing et Tony Kart Junior Team. Je me suis ensuite lancé à mon compte en créant “One Engines”. Pour l’anecdote, ce nom vient du fait que mon frère ne venait sur les circuits qu’avec un seul moteur, faute d’un budget suffisant ! Bien sûr, “One” désigne également la première position. Ma notoriété a augmenté après le titre de Champion d’Europe Junior-KF3 obtenu par George Russell en 2012. Puis, la collaboration avec le team RFM a été productive. Ensemble, nous avons remporté, entre autres, 5 titres de Champion du Monde et 6 de Champion d’Europe.
COMMENT PARVIENT-ON À ENGRANGER TANT DE SUCCÈS ?
D’abord, notre métier réclame beaucoup de travail. Nos clients ne s’en rendent pas forcément compte, mais notre présence sur les circuits n’est que la partie visible de l’iceberg. A l’atelier, nous passons des heures à démonter, préparer, développer, remonter les moteurs et à les passer au banc d’essai. One Engines possède également un magasin qui importe les châssis du groupe OTK et les moteurs Vortex au Danemark. Au total, nous sommes 8 à travailler pour cette petite entreprise. Cela représente beaucoup de sacrifices, au détriment de la famille et des amis. Ensuite, une relation de fidélité et de confiance vis à vis des personnes avec qui je travaille est indispensable.
LES PILOTES SONT TOUJOURS À LA RECHERCHE DU MEILLEUR MOTEUR DU MOTORISTE. QUE LEUR RÉPONDEZ-VOUS ?
Dans un Championnat FIA Karting, le mythe du motoriste qui dispose d’un moteur permettant un gain de 2 ou 3 dixièmes sur un autre n’est qu’une illusion. La différence, elle vient plutôt d’un pilote exceptionnel ou d’un petit réglage spécifique effectué au bon moment. Si l’on prend Freddie Slater, le moteur avec lequel il a gagné à Zuera pour devenir Champion d’Europe, c’était un exemplaire neuf que je venais de préparer. Comme tous les moteurs qui gagnent une grande épreuve, il a ensuite pris la direction d’une étagère de l’atelier, sur lequel il trône au milieu d’autres moteurs victorieux. Il appartient désormais à l’histoire. Mon objectif est toujours d’avoir des moteurs équivalents en termes de performance. Lors de la course qui a précédé le Mondial, tous les teams que j’équipais ont gagné au moins une manche. Pour moi, il n’y a pas de meilleure publicité.
AVEZ-VOUS L’ANGOISSE DU CONTRÔLE TECHNIQUE À LA FIN D’UNE COURSE ?
Avec les personnes qui travaillent avec moi, nous essayons de ne pas être trop proches de la limite et nous apportons un soin particulier aux contrôles qui sont réalisés deux fois plutôt qu’une. Nous avons mis en place des procédures spécifiques.
EST-CE MOTIVANT D’ESSAYER DE BATTRE LE TEAM OFFICIEL OTK ET L’USINE VORTEX ?
Ils possèdent des moyens techniques et financiers supérieurs aux nôtres. Cela me force à trouver des solutions nouvelles et à faire le maximum pour nous améliorer sans cesse. D’un autre côté, l’usine peut être amenée à se perdre en poussant trop loin leurs recherches. Pour ma part, je dois faire avec ce dont je dispose et je sais toujours où j’en suis. Il est parfois plus facile d’optimiser un matériel standard que de se lancer dans des innovations complexes. Avec le team, l’objectif est de trouver le parfait équilibre entre le châssis, le moteur, le pilote et les réglages, je ne suis pas seul !
© Photo FIA Karting / KSP