Communiqué

Entretien FIA Karting avec Giacomo Aliprandi

“C’est une fierté d’être team manager chez Tony Kart”

Giacomo Aliprandi a déjà passé plus de la moitié de sa vie au sein du groupe OTK. A 51 ans, ce père d’un enfant est l’un des éléments clés du team Tony Kart, au sein duquel il est devenu team manager et a vécu une foule de merveilleux moments. Récemment, le discret italien n’a pas manqué d’accompagner son trio de pilotes Bradshaw, Turney et Hiltbrand sur le podium du Championnat du Monde OK.

Comment devient-on team manager chez Tony Kart?

J’ai la chance d’avoir des liens familiaux avec Roberto Robazzi, Président du groupe OTK. Au début, j’ai commencé par travailler comme simple employé à l’usine, il y a déjà 31 ans ! Puis, je suis passé au service course en tant que mécanicien durant plusieurs saisons. J’étais au côté de Johnny Mislijevic en 1996 lorsqu’il est devenu Champion d’Europe et Champion du Monde en Formule Super A en 1996. Tony Kart courait après ce titre depuis sa création, c’était aussi le premier pour les moteurs Vortex créés seulement deux ans plus tôt. Ensuite, j’ai endossé le rôle de team manager.

Quelle est votre rôle?

A l’usine, qui est basée en Italie à Prevalle près de Brescia, et lors des Compétitions, je dois m’assurer du bon fonctionnement du team officiel à tous les niveaux. La préparation des déplacements et celle du matériel, en relation avec l’équipe de mécaniciens, restent un travail primordial. Dans la structure, j’ai la chance d’être aidé par des collaborateurs qui possèdent aussi des responsabilités, comme Alberto Viglino, Marco Ardigo et Arnaud Kozlinski. Concernant la défense de nos pilotes, lorsqu’ils sont convoqués par les commissaires sportifs, cette mission m’incombait par le passé. Aujourd’hui, c’est Arnaud qui s’en occupe.

Comment fait-on pour gérer les rivalités internes?

Lorsque les pilotes sont choisis pour représenter le team officiel, ils doivent d’abord penser aux résultats qu’ils doivent apporter à la marque Tony Kart. Nous évoquons régulièrement avec nos pilotes la stratégie à tenir, ils doivent en être conscients et savoir faire preuve de discernements. Par le passé, il nous est évidemment arrivé de constater des mésententes sur la piste. Lorsqu’ils sont dans le feu de l’action, l’adrénaline ressentie les pousse à privilégier leur propre envie de gagner au détriment du team. On sait que cela fait partie de la course, c’est l’essence même de la compétition et il faut composer avec cette situation.

Roberto Robazzi est très charismatique. Comment jugez-vous vos relations?

Nous travaillons ensemble depuis plus de 30 ans dans de bonnes conditions, j’en déduis donc que nos relations sont excellentes. Bien sûr, je sais qu’il est très exigeant avec ses employés, mais il l’est aussi avec lui-même. C’est un infatigable travailleur, sur la piste comme à l’usine. Son degré d’implication force le respect. Par exemple, il s’est beaucoup investi pour que tous les éléments qui composent ses karts soient fabriqués au sein de l’usine. Aujourd’hui, quand l’une de ses marques de châssis gagne avec un moteur Vortex, c’est une victoire 100% OTK, à l’exception de la peinture. C’est une preuve unique de notre savoir-faire. Dès lors, la pression de résultats est forte, car il veut le meilleur pour son entreprise, ainsi que la victoire lors de chaque compétition. J’ajouterai que sa passion pour le karting est assez incroyable !

Dans le karting, qu’est-ce qui a le plus changé ces dernières décennies?

Pour ma part, j’ai toujours eu l’impression d’évoluer dans un contexte très professionnel, je me suis donc adapté aux évolutions techniques. Aujourd’hui, ce qui est assez frappant est l’âge des pilotes qui courent à haut niveau dans les Championnats internationaux. Il n’est pas toujours facile de gérer de très jeunes pilotes, surtout que l’équipe Tony Kart est désormais impliquée en Mini. Personnellement, j’ai de grands souvenirs avec Johnny Mislijevic, Jarno Trulli, Davide Fore ou Marco Ardigo, qui ont tous roulé sous nos couleurs à plus de 20 ans. En KZ, il reste encore des pilotes d’expérience, mais nous devons aussi assurer l’assistance de très jeunes espoirs. Comme leurs parents, ils ont parfois du mal à comprendre pourquoi ils ne gagnent pas. Il faut savoir que le talent et le mental, c’est encore ce qu’il y a de plus important. Les équipes du groupe OTK fournissent le même matériel à tous les pilotes, mais tous ne sont pas dans la capacité de l’exploiter à 100%, parfois à cause des conditions, parfois à cause de leur manque d’expérience.

Quels sont vos souvenirs les plus marquants?

J’ai dû vivre plus de 600 courses, c’est donc difficile de choisir ! Le travail avec des pilotes de talent comme ceux cités précédemment m’a apporté de grandes satisfactions. J’ai apprécié toutes nos victoires. Je pense que j’ai de la chance d’évoluer au sein de l’entreprise considérée comme la numéro 1 dans le monde de la compétition karting. L’excellente atmosphère qui règne dans le team est également un paramètre auquel je suis sensible. Je travaille en étroite collaboration avec certains mécaniciens depuis une longue période. Avec eux et d’autres arrivés plus récemment, nous formons une équipe soudée, dans la victoire comme dans la défaite. C’est une fierté d’être aujourd’hui team manager d’une telle équipe, j’espère vivre encore de belles années avec Tony Kart dans le futur.

Avez-vous une anecdote à nous révéler?

Là aussi, elles sont nombreuses. J’ai en tête ce titre de Champion d’Europe Junior décroché en 1999 en France à Angerville avec l’Allemand Reinhard Kofler. Il n’était pas très connu à l’international et arrivait tout juste de son championnat national. En finale, il s’est permis de dominer des pilotes comme Lewis Hamilton, Nico Rosberg ou Robert Kubica. Je me souviens aussi de ce Grand Prix d’Europe à Saint Amand en 1996. Johnny Mislijevic avait gagné la Course 1 et menait la Course 2, avant de perdre une roue suite à la casse d’un roulement de roue, ce qui n’arrive quasiment jamais. Heureusement, il a ensuite remporté le Grand Prix de Belgique et a été sacré !

Info FIA / © Photo FIA Karting / KSP