Communiqué

BEST-OF 2021 FIA KARTING: GWEN LAGRUE – DRIVER DEVELOPMENT ADVISOR

« L’OBJECTIF EST DE NE PAS LAISSER SUR LA TOUCHE UN TALENT EXCEPTIONNEL »

CHASSEUR DE TÊTE

Responsable du programme pilote chez Mercedes AMG Petronas F1 Team, Gwen Lagrue (46 ans) garde constamment un œil sur le Karting et sur les grands Championnats internationaux. Connu pour avoir accompagné Esteban Ocon jusqu’à la Formule 1, le Français a suivi de près trois jeunes kartmen en 2021 : Andrea Kimi Antonelli, Alex Powell et Yuanpu Cui.

COMMENT PARVIENT-ON À MANAGER DE JEUNES PILOTES EN KARTING ET EN AUTOMOBILE ?

J’ai su saisir des opportunités qui se sont présentées à moi. J’ai commencé de manière professionnelle il y a environ 20 ans avec le jeune pilote Français Guillaume Moreau, qui a vécu une belle carrière en Karting, puis en Formule Renault et en LMP1. Après plusieurs saisons, j’ai eu la chance de me voir confier par l’équipe Renault F1 Team le programme des jeunes pilotes à un moment où une génération exceptionnelle de talents émergeait dans les pelotons du Karting international : Max Verstappen, Alexander Albon, Charles Leclerc, Pierre Gasly, George Russell ou Esteban Ocon, que j’ai pris sous mon aile et accompagné jusqu’en Formule 1. Renault est ensuite devenu Lotus, puis c’est en 2016 que Mercedes m’a contacté pour intégrer son équipe.

COMMENT SE SONT MATÉRIALISÉES VOS ACTIONS DANS CETTE ÉCURIE DE RENOM ?

A mon arrivée, l’académie de Mercedes n’était guère fournie. J’ai obtenu l’aval de ma direction pour sélectionner de nouveaux espoirs dès le Karting. Mon choix s’est porté sur l’Italien Andrea Kimi Antonelli, qui s’était vraiment montré impressionnant dans la classe Mini. Il est aujourd’hui vice-Champion d’Europe Junior 2019, double Champion d’Europe OK 2020-2021 et vient de débuter en F4. J’ai ensuite repéré le Jamaïcain Alex Powell et le Chinois Yuanpu Cui. Ils viennent s’ajouter à une liste qui comprend également le Danois Frederik Vesti et à l’Estonien Paul Aron, respectivement engagés en F3 et Formula Regional en 2021. Notre objectif est actuellement de détecter une féminine de talent, dans le but de l’emmener jusqu’en F1 !

COMMENT GÉREZ-VOUS LA PART DE RISQUES QUI EXISTE EN SÉLECTIONNANT DE JEUNES KARTMEN ?

L’importance de mettre en place un suivi de qualité est primordial, même si l’on sait par expérience qu’un excellent pilote de Karting peut se montrer décevant en monoplace, l’inverse étant tout aussi vrai. Il faut surveiller la manière dont ils vont évoluer en tant qu’adolescents, puis jeunes hommes. Leur niveau de performance reste évidemment un facteur important, mais je suis très sensible à leurs capacités à gérer l’intégralité d’un meeting et plus globalement d’une saison complète. C’est bien de gagner des courses, néanmoins j’apprécie de voir un pilote constant, qui se montre régulièrement aux avant-postes et sur les podiums. Dès le Karting, leur approche de la course et leur attitude sur un circuit sont des paramètres que je surveille et qui ne trompent pas.

LE PASSAGE DU KARTING À LA MONOPLACE REPRÉSENTE-T-IL UN ÉPISODE CLÉ DANS LE PARCOURS D’UN PILOTE ?

Un kartman ressent souvent une certaine frustration à ce moment-là de sa carrière. Il quitte le haut niveau de cette discipline et un milieu qu’il maîtrisait parfaitement, pour repartir quasiment de zéro. Lors de cette transition, il découvre un nouvel environnement et des méthodes de travail différentes. Il doit accepter et gérer cette situation, surmonter les moments difficiles, tout en montrant qu’il a la faculté d’apprendre vite et bien. Ses capacités à se remettre en question comme sa force de caractère deviennent des atouts pour affronter ce nouveau challenge.

UN JEUNE PILOTE PEUT-IL ENCORE ESPÉRER ACCÉDER À LA FORMULE 1, SANS FORCÉMENT BÉNÉFICIER DE MOYENS FINANCIERS SUPÉRIEURS À LA MOYENNE ?

Rien n’est impossible, Esteban Ocon l’a prouvé. L’important est d’avoir la capacité de franchir la barrière financière initiale et de pouvoir disputer dans de bonnes conditions les premières saisons en Mini. Cela sous-entend de beaucoup rouler dès son plus jeune âge. Il existe également des initiatives fédérales intéressantes. A mon niveau, j’ai besoin de pouvoir identifier un grand talent, donc de le voir déjà évoluer à un certain niveau ou d’en avoir entendu parler. J’ose espérer qu’un jeune pilote qui montre des capacités exceptionnelles ne reste pas sur la touche.

© Photo FIA Karting / KSP